Être écolo et heureux en même temps, c’est possible ?
En quelques mots !

L’action étant un excellent remède pour lutter activement contre le pessimisme.

Ne devrait-on pas oser remettre le bonheur (profond) et l’amour au cœur de notre société ?

Pour être heureux dans la vie, il faut bien s’entourer, avoir des relations équilibrées et durables.

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Presque tout le monde connaît cette phrase. C’était en 2002, dans un discours de Jacques Chirac prononcé au Sommet de la Terre. Et depuis ? Qu’avons-nous fait à l’échelle de la planète pour éteindre le feu ? Aujourd’hui, la métaphore minimiserait presque les enjeux tant la situation semble désormais désespérée. Est-il déjà trop tard ou est-il encore temps de sauver les meubles ? Certains nous garantissent qu’il nous reste 2, 5, 10, 20 ans pour changer le monde. Rêvent-ils quand d’autres nous certifient que l’effondrement de notre société est inéluctable ?

L’effondrement de notre monde…et de notre moral

Face à ce nouveau spectre du réchauffement, si nous ne « virons pas de bord », les années à venir s’annoncent sombres : un million d’espèces en danger dans les prochaines décennies, explosion du nombre de réfugiés climatiques, augmentation des tensions géopolitiques dues à la raréfaction des ressources, hausse des températures jusqu’à +7 °C en 2100, etc… et les effets sur les êtres humains se font déjà ressentir dans la chair, mais aussi au niveau du moral avec l’apparition d’un mal nouveau : la solastalgie ! Aussi appelée écoanxiété, ce trouble se traduit par un sentiment de détresse et de tristesse en voyant son environnement direct se détériorer de manière définitive à cause des bouleversements environnementaux. Si ce phénomène est très ancré aux États-Unis, où les risques de catastrophes naturelles sont de plus en plus présents (températures extrêmes, cyclones, inondations ou encore feux de forêts), en France, les personnes concernées qui déclarent souffrir de ce mal restent encore assez minoritaires, même si on assiste à une hausse des publications à ce sujet.

Le changement est un marathon, pas un sprint

Heureusement, même si les cartes que nous avons en main n’ont jamais été aussi mauvaises, de plus en plus de personnes décident de s’engager à différentes échelles pour inverser la tendance. L’action étant un excellent remède pour lutter activement contre le pessimisme et le désespoir. Une bonne nouvelle qui cache cependant une obligation : celle de creuser les questions d’écologie intérieure en parallèle de son parcours militant. Une recherche spirituelle nécessaire car, en effet, le risque est grand de confondre urgence et précipitation. Le changement de nos habitudes, la résistance contre le modèle actuel et la création des mondes durables de demain représentent un travail de longue haleine et nous occuperont pour les prochaines décennies.

Et il est vrai que cet aller-retour incessant entre urgence de l’action et patience dans l’obtention de résultats nécessite un recul parfois difficile à conserver. À tel point que nombreux sont les militants qui se jettent corps et âme dans la lutte, au risque de s’oublier et de créer un déséquilibre personnel qui terminera au bout de quelques mois en burn-out. Un cas fréquent chez les activistes, qui touche même les plus visibles d’entre nous, comme ce fut le cas de Cyril Dion il y a quelques années.

Recréer le lien au Vivant

Pourtant, le changement de nos modes de vie est une formidable opportunité de protéger et régénérer le Vivant dans sa totalité. C’est le cercle vertueux de la nouvelle trinité proposée par Satish Kumar : Soul, Society & Soil (l’Âme, la Société et la Terre). Le penseur indien nous invite à dépasser « la peur et l’urgence sanitaire » pour adopter « une vision globale et spirituelle de notre place dans l’univers ».

Dit autrement : et si le plus urgent était de changer de boussole pour donner un autre cap à nos vies et mesurer différemment son succès ? Ne devrait-on pas oser remettre le bonheur (profond) et l’amour au cœur de notre société ?

Le renoncement souvent associé à la démarche écologique n’est en réalité que le préalable à une démarche de création, d’inventivité et de renforcement des liens. Bien sûr qu’il faut absolument désencombrer nos vies surchargées d’objets, de quêtes futiles et d’activités abrutissantes mais faire le vide n’est pas une fin en soi.

Au contraire, c’est le premier acte qui nous permettra d’avoir tout le temps et toute l’énergie nécessaire pour défendre le Vivant et le célébrer. En agissant avec ambition sur tous les fronts, un cercle vertueux se crée et cela nous permet de gagner en sens, en santé, en qualité de vie, en lien avec la nature et de se rapprocher de son entourage.

Et ça tombe bien puisqu’une étude menée par Harvard pendant 75 ans nous apprend que ce qui rend heureux les êtres humains ce n’est ni l’argent, ni le travail, et encore moins la gloire… Non, selon l’étude, pour être heureux dans la vie, il faut bien s’entourer, avoir des relations équilibrées et durables. Après la consommation docile, place donc à l’expérimentation fertile, joyeuse et rassembleuse qui est un levier extraordinaire pour transformer radicalement notre mode de vie et donner au maximum de personnes autour de nous l’envie de se joindre au mouvement.

L'auteur :  Julien Vidal

Julien est le fondateur du mouvement Ça commence par moi. Aujourd'hui, il continue à accélérer la prise de conscience écocitoyenne partout en France.

Julien est le fondateur du mouvement Ça commence par moi. Aujourd'hui, il continue à accélérer la prise de conscience écocitoyenne partout en France.