En quelques mots !
› Les individus ont beaucoup plus de pouvoir que ce qu’ils imaginent
› Il est urgent de remettre de l’ambition dans notre transformation
› Notre alimentation a un impact énorme sur le climat et la biodiversité
Reprendre sa place parmi le Vivant
Depuis le début du confinement, on voit régulièrement passer des articles qui disent que « la nature reprend ses droits ». Les canards se promènent à Paris, les coyotes à San Francisco, les renards à Londres. Pourtant, même si ces faits divers sont révélateurs de la capacité du Vivant à faire preuve de résilience dès lors qu’on lui redonne un peu de place, ils montrent surtout à quel point, en creux, la place de l’être humain sur la planète y est disproportionnée. L’année dernière, les jeunes scandaient : « nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend », mais cela semble bien loin. En effet, plutôt que de profiter de ce grand chamboulement et de cette pause forcée pour questionner notre rôle sur Terre, nous restons cloitrés chez nous en attendant avec impatience l’apparition du vaccin qui nous permettra de reprendre notre place de prédateur numéro 1.
Pourtant, il apparait clairement que c’est notre mode de vie et le peu de considération du respect du Vivant qui nous a poussé vers cette crise. La destruction de la biodiversité, la normalisation de l’hyper-mobilité, la hausse constante de la déforestation ou encore la pollution atmosphérique omniprésente sont autant de facteurs qui ont permis la multiplication et la propagation des épidémies.
Aussi, comment revoir notre place parmi le Vivant pendant cette période avec le virus (qui risque de durer) ? Et pendant cette épidémie, s’il y a bien quelques chose qui a repris une place prépondérante dans la vie des Français : c’est notre alimentation.
Le prix du panier moyen augmente, les émissions de cuisine se multiplient et notre temps passé dans la cuisine est sur une pente ascendante forte. Profitions donc de ce regain d’intérêt soudain pour les arts culinaires pour se préoccuper, par la même occasion, des enjeux écologiques ! Comment ? En augmentant significativement la place du végétal pour réduire (voir même idéalement arrêter) notre consommation de chaire animale. Une transformation qui aura un impact positif multiplie, que ce soit sur un plan sanitaire, écologique, économique et même philosophique.
Le pouvoir est dans notre assiette
Pour commencer, l’angle de la menace sanitaire induite par notre consommation de chaire animale n’a jamais semblé aussi évident que maintenant que nous vivons ce confinement mondial. Et même si les français ne sont friands ni de chauve-souris, ni de pangolin, rappelons-nous il y a quelques années la terreur suscité par la maladie de la vache folle ou par les grippes aviaire ou porcine !
Ensuite, au niveau individuel, le fait d’adopter un régime végétarien est, en moyenne pour un Français, l’action de réduction des émissions de gaz à effet de serre la plus efficace. Dans son rapport « Faire sa part ? », le cabinet Carbone 4 chiffre la diminution à 1,12 tonne par an et par personne. Un changement loin d’être négligeable qui représente, lui seul, une baisse d’environ 10% de l’empreinte carbone totale d’un individu.
Au niveau économique, à l’heure où il faut, plus que jamais, soutenir les agriculteurs français, comment ne pas voir le végétarisme comme une opportunité formidable ? En faisant nos courses différemment, l’argent économisé par chaque consommateur en réduisant la partie de la viande dans notre alimentation pourra aussitôt être utilisé pour absorber la hausse provoquée par le fait de privilégier des fruits et des légumes locaux, bio et de saison. Un soutien particulièrement bienvenu pour les petits maraichers qui sont plus que jamais au bord du précipice et qui ont besoin du soutien des Français pour tenir le coup.
Enfin, comme le dit le célèbre moine bouddhiste Matthieu Ricard : “comment prêcher la compassion et tuer pour manger ?”. En France, chaque année, plus d’un milliard d’animaux sont tués dans les abattoirs. Dès lors, comment se sentir comme étant une partie intégrante de la nature au regard d’un massacre aussi bien organisé. Cette 6ème extinction de masse est cette fois le fait d’une seule espèce, la nôtre, et même si son arrêt nécessite quantité de changements radicaux de notre mode de vie, la première chose à faire se passe dans notre assiette, trois fois par jour.
Bon pour la planète, bon pour nos papilles
En pratique, il convient d’admettre que la transformation de nos habitudes alimentaires est un processus très variable en fonction des individus. Si certains arrivent à se passer de chaire animale du jour au lendemain, d’autres le vivront comme un calvaire. Pas de panique ! Il vaut mieux être des millions à faire quelque chose imparfaitement que quelques-uns à le faire parfaitement.
D’autant que la place de la viande dans notre assiette est de plus en plus remise en question en France. Si le pourcentage de végétariens reste stable dans l’Hexagone, autour de 5%, le nombre de personnes se déclarant « fléxitarien » (c’est-à-dire qui qui réduise pro-activement leur consommation de protéines animales au profit de produits végétaux) est en plein boom et frôle désormais les 40%. Une vague de fond qui va dans le sens de la sensibilité en hausse des Français pour les enjeux écologiques.
Bonne nouvelle, il existe aujourd’hui une quantité considérable de livres, de blogs et de vidéos qui peuvent vous aider à sauter le pas en dépassant les idées reçues, mais aussi en vous permettant de trouver des idées de recettes simples, accessibles, locales et de saison. Et si tout cela vous semble encore un peu nébuleux, faites le travail de lister les 10 plats végétariens que vous adorez déjà sans jamais y avoir fait attention : quiche au poireaux, sandwich aux fallafels, taboulé, pizza au trois fromages, risotto aux asperges, tomates mozzarella, gratin dauphinois, pâtes au pesto, ratatouille, curry de légumes, il y a des dizaines de bonnes raisons de manger végétarien aujourd’hui, demain, après-demain et bien plus encore !