En quelques mots !
› Nous avons perdu trop de temps à agir contre le dérèglement climatique
› Il est urgent de proposer des objectifs communs pour mobiliser les foules
› Nous avons plus à gagner qu’à perdre à changer radicalement nos modes de vie
50 ans de mobilisation…tout ça pour quoi ?
En 1970 déjà, 20 millions de personnes participaient à la première célébration du Jour de la Terre le 22 avril. Près de 50 ans plus tard, en 2019, de nouvelles marches pour le climat particulièrement suivies ont eu lieu partout dans le monde, démontrant que les enjeux écologiques sont à nouveau en haut des priorités des citoyens…pourtant les actions à la hauteur des enjeux peinent à apparaitre et surtout, que de temps perdu depuis les premières mobilisations états-uniennes…
Comment l’engouement du 1er Jour de la Terre a-t-il pu retomber ? Pourquoi avons-nous laissé le capitalisme prendre toute la place en cannibalisant, petit à petit, chaque recoin de notre globe jusqu’à mettre en péril l’équilibre de notre système Terre ? Si bien qu’aujourd’hui les scientifiques se demandent même si le point de non-retour n’a pas été irrémédiablement franchi…
On croit de moins en moins au rêve américain
L’Americain way of life et son matérialisme ostentatoire ont fait beaucoup dégâts ces dernières décennies et si aujourd’hui nous en cernons ses limites, c’était encore loin d’être le cas 50 en arrière. La promesse de la prospérité par les possessions que nous permettait notre travail a fait long feu ! Le Vivant a vu sa valeur réduite à peau de chagrin, l’Autre est devenu un désagrément et nous nous sommes persuadés que notre bonheur était étroitement lié à la taille de notre voiture, à la superficie de notre maison et à la quantité d’objets que nous allions y entasser.
L’humanité n’a pas su (voulu ?) voir les signes avant-coureurs de son égarement avant que les limites planétaires commencent à être dépassées. C’est ainsi, l’être humain a besoin de se brûler la main sur le four brulant pour se rendre compte qu’il est chaud et malheureusement nous n’avons pas, comme Bill Murray, la possibilité de nous réveiller encore et encore le même jour pour apprendre de nos erreurs.
D’ailleurs, le film « Un jour sans fin », sorti en 1993 et devenu très rapidement culte a été remis sur le devant de la scène pendant le confinement, période pendant laquelle chaque jour ressemblait étrangement au précédent. À tel point qu’aujourd’hui Hollywood réfléchit à une adaptation en série des aventures de ce présentateur météo méprisant forcé de revivre à l’infini le « jour de la marmotte » dans la petite bourgade de Punxsutawney en Pennsylvanie.
Remettre le bonheur au coeur de notre société
Ce classique fait partie de mon top 3 des films préférés. Je l’ai vu des dizaines de fois et en grandissant, je me suis rendu compte qu’il abordait des sujets bien plus profond que le pitch ne le laisse envisager. Dans ce monde où la réussite professionnelle est l’idéal à atteindre, le respect des traditions populaires semblent un fardeau dont il est urgent de se libérer. Premier réflexe de la star météo pour survivre à cette journée : le mépris, l’escroquerie, l’offense… jusqu’à ce que la déprime soit totale et que le protagoniste teste toutes les manières de mettre fin à ces jours. Et puis, petit à petit, Bill Murray change son fusil d’épaule. L’autre ne devient plus un boulet mais une libération. Les actions créatives et altruistes se succèdent et deviendront la clé qui permettra à notre héros de briser la malédiction.
Il y a des choses qu’on ne contrôle pas…et le film qu’on préfère en fait partie ! Par contre, nous avons le contrôle sur ce qui définit notre vie et sur les marqueurs de réussite de notre société. Osons changer la boussole de notre vie pour la remplir sans continuer à alourdir notre empreinte écologique. Nous devons urgemment avoir cette conversation et remplacer le culte de la croissance par d’autres symboles qui nous permettront de sublimer nos existences. L’indice du PIB est obsolète et, plus que jamais, nous avons l’opportunité de le remplacer par un nouvel indicateur qui mesurera la capacité de notre société à se montrer plus solidaire et plus durable : Bonheur National Brut, l’Indice de Développement Humain, l’Indice du Bonheur Mondial, etc. les alternatives sont nombreuses et ne demandent qu’à être adaptées à notre réalité.
À l’échelle individuelle, l’exemple de Bill Murray est à méditer. Toutes et tous, nous devons faire un gros travail sur nous-mêmes pour remettre le bonheur au cœur de nos vies. Ophélie Damblé du projet Ta Mère Nature, que j’ai eu la chance d’interviewer pour le podcast 2030 Glorieuses ne dit pas autre chose. Pour elle : « la joie, c’est une forme de discipline, une forme de résistance même face à ce monde en péril ». Remplacer « l’avoir » par l’être » est une nécessité pour concrétiser les mondes de demain. Là encore, nous avons l’embarras du choix pour nous reconnecter à notre humanité profonde : danser, jardiner, peindre, randonner, chanter, méditer, aider, etc. Chacun a le loisir d’expérimenter pour identifier ce qui le rend profondément heureux. Une quête d’une vie qui change radicalement notre rapport au Vivant. Plutôt que de le contrôler et le détruire pour des plaisirs fugaces, c’est en se mettant à son service que nous touchons du doigt la raison pour laquelle nous sommes sur cette Terre. Et c’est sans doute une des conditions sine qua non pour pouvoir y vivre le plus longtemps possible…