En quelques mots !
› Les individus ne peuvent pas être les seuls à agir
› L’exemplarité est un levier extraordinaire pour provoquer le changement
› Les mots peuvent parfois avoir plus d’impact que les actions
À qui la faute ?
À l’heure où l’urgence climatique, la 6ème extinction des espèces et tant d’autres soubresauts de notre système Terre rouvrent le dossier de nos saccages et des limites de notre mode de vie, en finir avec les grands discours incantatoires pour passer à l’action reste difficile. Par où commencer ? À qui la faute ? Quels sont les leviers les plus efficaces ? Et alors que les entreprises et les États peinent à prendre la mesure des enjeux, dans leur désarroi, leur colère ou leur désespoir, les citoyens se retrouvent en bandes désorganisées.
Personne n’imaginerait faire supporter aux seuls individus ni la gravité d’une crise écologique qui, si la barre des 2°C d’augmentation d’ici la fin du siècle est dépassée, serait hors-contrôle, ni la responsabilité du changement radical, rapide et d’ampleur, à mettre en place pour transformer en profondeur notre système. Mais il est intéressant d’observer comment, dès que les Français font évoluer leurs habitudes et leurs préoccupations, les milieux économiques et politiques s’empressent de suivre la tendance. Conscients de ce phénomène et de notre pouvoir d’influence, il est clair que ça commence par moi, par vous, par nous d’initier notre parcours écocitoyen ambitieux. Un changement de cette ampleur se fait dans la durée, seul ET collectivement, lentement ET rapidement, dans les détails ET dans la radicalité avec une ambition forte : plutôt que de se déculpabiliser de sa surconsommation débridée à l’ère de l’homo œconomicus, il est urgent de sortir du sillon capitaliste pour remettre le Vivant au coeur de toutes nos habitudes afin de construire, dès aujourd’hui, un monde durable, solidaire et heureux.
Passer du “oui mais” au “oui et”
Si le modèle actuel se nourrit de nos non-dits, de nos compromis mous, de notre passivité, de nos oppositions stériles, de nos incohérences… il n’est jamais trop tard pour être prêts à une action d’envergure, rassembleuse et bienveillante. Pour que cette dynamique soit mobilisatrice, l’exemplarité est fondamentale, l’expérimentation dans notre chair de cet idéal est primordiale. Comme un forgeron qui donne des milliers de coups de marteau pour confectionner un outil en métal, l’écocitoyen doit constamment œuvrer à cet avenir rêvé, en mouvement permanent, dont on tente de se rapprocher au maximum, la tête haute pour garder sans cesse en ligne de mire un objectif lointain. C’est une véritable « marteau-thérapie » du changement qu’il nous faut apprivoiser. Une exemplarité qui, comme le disait Albert Schweitzer, « n’est pas une façon d’inspirer les autres, mais la seule. » C’est alors tout un cercle vertueux qui se met en place. L’action quotidienne alimente notre moteur du changement et produit une énergie contagieuse dès lors qu’elle est utilisée avec générosité et sans arrière-pensées.
Inspirons-nous du cavalier qui, plutôt que de se focaliser sur l’obstacle, qu’il a vu, regarde l’après pour adopter la meilleure trajectoire. Oui nous pouvons agir à tous les niveaux et réussir cet aller-retour permanent entre transformer le présent et se projeter dans le futur : à nous de ralentir notre train de vie pour gagner en qualité de vie, de nous reconnecter à la nature et à nous-mêmes, de mettre nos décideurs face à l’insoutenabilité de leur inaction pour donner le plus de place possible aux initiatives écologiques et solidaires qui sont nos planches de salut.
Une contagion sociale
Seulement voilà, combiner tous ces niveaux d’action reste insuffisant. C’est d’une prise de conscience et d’un passage à l’action exponentiel dont nous avons besoin pour créer de nouvelles normes. Une viralité et une « contagion sociale » possibles pour peu que nous proposions, tous azimuts, à notre entourage dans tous les espaces que nous fréquentons (notre foyer, notre entreprise, notre quartier, notre école, notre association…) des opportunités d’expérimentation. Dans ce maillage étroit qui dessine nos villes, nos régions, notre pays, n’est-il pas temps d’oser être des écocitoyennes et des écocitoyens ambitieux et fiers de porter nos valeurs ?
Ces récits collectifs que nous écrirons feront peu à peu apparaître le monde de demain comme une évidence. Il faut bien commencer quelque part, que ce soit en créant une boîte à lire, en organisant un composteur collectif, en animant un atelier de prise de conscience aux enjeux écologiques, en coordonnant une plastic attack dans un supermarché, en militant pour plus de bio et de végétal dans les cantines scolaires, en sensibilisant les futurs candidats aux enjeux de la transition, en alertant les commerçants à la pollution lumineuse, en organisant une collecte de déchets sauvages, en ouvrant un supermarché coopératif, en cultivant un jardin partagé, en lançant une monnaie locale, en organisant un repair café… bref, nous avons l’embarras du choix.
C’est à nous de décider de quoi sera fait demain : nous avons d’autres options que la dictature verte tant redoutée. Être un écocitoyen engagé passe moins par une addition à la liste interminable des luttes que par un changement profond de paradigme, qui remet l’être humain à sa juste place parmi la nature et qui recrée l’échange horizontal entre la société et les décideurs politiques et économiques, entre le pouvoir d’ « en haut » et le quotidien d’ « en bas ». En agissant sans compter, une permaculture des solutions et des modes de vie est à notre portée, comme une formidable opportunité d’être en vie et de mettre à disposition de l’avenir nos talents, notre créativité, notre humour, notre amour, notre solidarité.