En quelques mots !
› L’urgence climatique démontre les limites de notre modèle économiques
› Les entreprises de demain doivent être soutenues et développées massivement
› Les citoyens doivent montrer l’exemple pour que la réponse de l’État soit à la hauteur des enjeux
2020, un cru catastrophique
Difficile de voir la lumière entre tous les nuages qui assombrissent le ciel de 2020. Et ce ne sont pas les experts de l’ONU qui vont inverser la tendance puisqu’ils annoncent, dans une étude publié début octobre, que le dérèglement du climat est la principale cause du doublement des catastrophes naturelles ces vingt dernières années. Le nombre d’inondations et de tempêtes est en forte hausse, mais l’institution craint aussi la multiplication des pics de chaleur dans la décennie à venir.
Pendant ce temps-là, en France, le gouvernement joue du « quoi qu’il en coûte » pour sauver les meubles. Malheureusement, plutôt que d’investir massivement pour passer à une économie résiliente et durable, l’État ressort les vieilles recettes pour maintenir sous perfusion un système vicié à bout de souffle, provocant le mécontentement de nombreuses associations et ONG, OXFAM et Greenpeace en tête, qui ont pointé le manque d’ambition du plan de relance annoncé à la rentrée.
L’imperfection ne peut plus légitimer l’inaction
Faire tomber les verrouillages de l’ancien monde est plus que nécessaire pour opérer un changement à la hauteur des enjeux. C’est au niveau systémique que cela se joue mais il semble toutefois risqué d’attendre la prochaine échéance des élections présidentielles qui sont encore loin pour espérer qu’une Présidente (ou un Président) éclairée ne se saisisse enfin de cet énorme dossier. D’autant que bien malin est celui qui peut deviner la personne qui prendra la tête du pays en 2022.
Alors les citoyens montent au créneau. Cela devient une évidence : les Françaises et les Français voient la transformation écologique de notre mode de vie comme une priorité. Les sondages des deux dernières années vont tous dans ce sens et la vague verte des récentes élections municipales sur les grandes villes vient confirmer cette aspiration profonde.
Plutôt que d’attendre le grand soir, partout sur le territoire, des initiatives fleurissent çà et là pour construire les mondes de demain. Une construction qui passe nécessairement par une transformation ambitieuse de nos entreprises, ce que les citoyens ont bien compris.
Un éventail des possibles enthousiasmant
Et les expérimentations réussies sont nombreuses et parfois assez anciennes. En effet, certains n’ont pas attendu pour reprendre le pouvoir sur leur argent et soutenir le développement local, durable et équitable grâce au lancement d’entreprises à taille humaine à côté de chez eux. C’est comme ça qu’est né, dans les années 1980, le mouvement des CIGALES (Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Épargne Solidaire), en partant du constat que les citoyens peuvent soutenir celles et ceux qui se lancent dans l’aventure de la création ou du renforcement d’entreprise. Concrètement, un CIGALES est formé de 5 à 20 personnes qui mettent une partie de leur épargne en commun pendant cinq ans, prolongeable une fois. Le soutien économique au capital de petites entreprises locales est accompagné d’un apport en savoir-faire et en conseils.
Complémentaire de cette démarche, l’entreprise Time for the Planet affiche une ambition forte : récolter 1 milliard d’euros et créer 100 entreprises pour lutter à l’échelle mondiale contre le changement climatique. Les actionnaires préfèrent le « taux de retour pour la planète » plutôt que le traditionnel « taux de retour sur investissement » car pour un euro investi, un euro sera restitué. La société ne versera pas de dividendes et les parties prenantes, en plus d’apporter de l’argent, pourront approuver les projets (sur la base une action une voix) et surtout les discuter et les pousser.
Investir dans l’économie réelle
Si vous voulez continuer à soutenir des initiatives engagées, des plateformes Web comme Lita.co ou Miimosa vous permettent d’investir votre épargne dans des entreprises tournées vers l’économie responsable, pour la première, ou l’agriculture durable, pour la seconde. Un geste fort qui donne aux citoyens la possibilité de remettre leur argent à disposition de l’économie réelle plutôt que de le laisser aux grandes banques qui soutiennent essentiellement des activités à fort impact écologique pour privilégier le profit à court terme.
Enfin, le financement participatif aussi appelé crowdfunding s’évertue à remettre le consommateur, devenu “sponsor”, parrain et ambassadeur, au cœur du processus de développement d’une nouvelle aventure et permet de faire éclore des initiatives utiles. Les entreprises vont ainsi récolter des fonds pour un objectif précis (produit, film, évènement, édition, etc.) en faisant appel à une multitude de personnes investissant un petit montant en échange de contreparties préalablement définies. C’est toute la chaîne de valeurs qui est inversée. De multiples plateformes proposent de participer à une campagne de financement participatif, les généralistes, comme KissKissBankBank ou Ulule, en tête. Pas besoin de créer le besoin pour que le consommateur achète son produit, chaque citoyen décide des produits ou services qu’il souhaite soutenir.
Une excellente manière de remettre l’économie à sa place, non plus comme une finalité, mais comme un rouage d’une société dont l’objectif deviendrait le bonheur de ses citoyens et la pérennité de leur mode de vie.