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Je recense la pollution lumineuse nocturne
En quelques mots !

Je participe à un recensement de la pollution lumineuse, appareil photo en poche et flyer d’information en main

Je suis une sentinelle de la nature : je signale une infraction “éclairage” au Code de l’Environnement sur la plateforme de France Nature Environnement

Je vais à la rencontre des commerces et des entreprises en infraction probable par leur enseigne et leur vitrine, flyer informatif en main, et j’initie un dialogue informatif et bienveillant avec eux 

Une nuit parfaite sans vitrine éclairée

Je la vois déjà… la nuit noire parfaite, la haute-voltige des chauves-souris sans perturbation de leur repère, le hululement des chouettes à la simple lueur de la lune, les étoiles qui scintillent dans ses constellations magiques… le tout sans néon bleu projeté sur les nuages qui pourrit le ciel à des kms, sans vitrine éclairée de l’agence immobilière du coin, sans enseigne du marchand de vêtements allumée toute la nuit, sans ferme-serre bio avec éclairage artificiel nocturne, sans projecteur sur enseigne non électrique de l’artisan local, sans station de lavage (de véhicule ou de vêtements) éclairée toute la nuit sans aucun mode de détecteur de présence, sans kiosque à pizza attirant tous les papillons nocturnes (lépidoptères) et autres insectes volants du coin sous prétexte d’un service 24/24, service considéré par l’être humain comme une avancée sociale majeure…

Comment avons-nous pu accepter une telle atteinte à l’environnement ? Les experts qualifient l’espace de la vie nocturne de Trame Noire, trame bonus (et encore peu valorisée) dans la nouvelle politique environnementale des Trames Vertes et Bleues. Quel est l’impact sur la biodiversité et la santé humaine ? La perturbation par les LEDs (lumière bleue) du cycle circadien (alternance jour / nuit) et notamment la sécrétion de la mélatonine, hormone favorisant un sommeil de qualité, sont unanimement reconnues. Pour la faune sauvage, le savez-vous ? Les interactions et le comportement des espèces évoluent en conséquence (prédation, pollinisation, recherche de nourriture loin des sources). Les oiseaux migrateurs suivent notamment les constellations et le ciel étoilé dans leur voyage ou leur vol initiatique d’envol, tel le Pétrel de Barrau sur l’île de la Réunion s’échouant en ville perturbé par la pollution lumineuse. Une étude indique également que chaque nuit, une centaine d’insectes meurent à chaque point lumineux agressif ; avec une estimation de plus de 11 millions de points lumineux en France, et une augmentation vertigineuse de 90 % de ce nombre de points en 30 ans. De quoi largement perturber, à une échelle inconcevable, la faune sauvage : 60 % des invertébrés et 30 % des vertébrés ont une activité nocturne ; la rétine de la chouette hulotte est d’ailleurs de 10 à 100 fois plus sensible que nous à la luminosité. De plus, les astronomes amateurs constatent depuis longtemps déjà une perte majeure de qualité d’observation proche des villes, ne voyant plus que 5-10% des étoiles, celles à la magnitude et l’intensité spectral de température de surface la plus marquée, ceci avant même l’apparition de la nouvelle hérésie de l’homme, et notamment d’Elon Musk : envoyer 50 000 satellites à orbite basse, pour une constellation d’accès internet, la mal dénommée Starlink ! Les projets, capitalistes voire géopolitiques, se comptent par dizaine, tout le monde veut le sien ! Starlink, OneWeb, O3b, Kuiper, Orbcomm, Iridium…même l’Union Européenne. Pourrir un bien commun à l’humanité, si précieux dans nos imaginaires, le ciel, pour offrir un accès à faible latence et haut débit aux scrollers de réseaux sociaux, aux joueurs en ligne, aux streameurs et aux accros aux appels vidéos (bah oui désormais entendre seulement la voix d’un proche, c’est bizarrement has been), de tout et surtout de rien, partout, n’importe quand. Bonjour, l’évolution à contresens de la société, à l’heure de l’urgence climatique ! Toutes ces infos donnent le vertige et la nausée. Quels sont les points essentiels de la réglementation française en termes de pollution lumineuse ? Focalisons-nous sur les deux plus accessibles à tout public.

Le premier est l’interdiction d’éclairage et de mise en valeur du patrimoine immobilier public (exemples : mairie, église) après 1h du matin ; le second est l’interdiction de laisser allumer les enseignes et les vitrines de tout commerce ou entreprise sans activité sur le même créneau horaire de 1h à 7h du matin. La règle est simple, voir simpliste et compréhensible par tous, bien entendu de bon sens. Je la trouve à titre personnel très permissive, encore plus dans le contexte d’urgence climatique que nous vivons tous collectivement ; elle aurait dû être plus contraignante sur l’horaire de début, par exemple, à minima, 23h car à 1h du matin, en hiver, cela fait déjà 6-7h que l’enseigne/la vitrine est allumée, quel gaspillage ! Le respect de cette règle est quasi inexistant. Elle fait l’objet d’un dernier arrêté rédigé en décembre 2018, applicable au début de l’année 2020, mais un arrêté de 2013 mentionne déjà l’interdiction pour les enseignes. Qui détient la compétence de police pour faire respecter cette réglementation ? Le maire ou le préfet ? La réponse n’est pas si évidente et dépend de la typologie de l’éclairage et du bâtiment concerné. Soyons francs, peu d’élus s’intéressent réellement à ce sujet.

Comment pouvons-nous agir à notre échelle ? Approcher localement des associations nature et environnement qui animent déjà des ateliers à ce sujet, évidemment oui ! Organiser un jeu-concours de la plus belle illumination d’église du département à 3h du matin, avec un vote sur les réseaux sociaux ? Probablement, non ! Relever tous les interrupteurs, dévisser toutes les ampoules, déposer des flyers d’information et utiliser un lance-pierre pour éteindre toutes les enseignes une à une ? Si tu veux collectionner des visites au poste de gendarmerie sur cette dernière option, peut être oui. D’ailleurs, il n’est pas exclu de susciter l’idée, chez des policiers / des gendarmes en tournée nocturne de surveillance, que ton comportement de sentinelle de la nuit est légèrement suspect : tourner en rond dans les communes et les zones d’activités, se garer (si en voiture) et sortir ton petit oiseau fait de lentilles d’optiques… je l’accorde que oui, c’est singulier. Participer à un recensement de la pollution lumineuse avec une cartographie et un reportage photo ? Cette partie de “Name and shame” me tente bien.

Allons y… jouons au super-héros de la nuit, découvrons mon talent de pilote nocturne à la mode du film “Drive”…tout en roulant à une vitesse limitée à 60-70 km/h pour être bienveillant envers toute faune sauvage rencontrée. Hérisson, chouette hulotte, lièvre, blaireau, chauve-souris…la magie opère avec bienveillance. Être singulier, être moi, être seul en pleine nuit dans un monde où la population mondiale galope à tout va, revenir à l’essentiel, me ressourcer, être une sentinelle de l’environnement… tout me plaît. Avoir ce sentiment d’être un inspecteur-enquêteur, un photographe professionnel des enseignes et vitrines qui s’exclame “et toc dans la boîte”, un expert en orientation et en géographie locale, quelle adrénaline !

Et le grand gagnant du jeu-concours “matte ma vitrine #VitrineMonAmour” est …

Haut la main, ce sont les agences immobilières : elles illuminent presque toutes leurs vitrines et leurs annonces, infraction ou pas au code de l’Environnement, on peut se demander où est passé le bon sens collectif ! Toute personne de mauvaise foi pourrait affirmer qu’avec un éclairage LED, dit “plus écologique”, l’impact et la facture baissent. D’ailleurs il est admis que certaines municipalités envisagent même, par un excès de fureur comptable, de ne plus jamais éteindre l’éclairage public des rues de nuit car leur facture a tellement baissé en passant aux leds. On marche sur la tête, n’est-ce pas ? Ce n’est évidemment pas un argument acceptable pour contrevenir à la réglementation. Et puis nous sommes tous responsables individuellement et collectivement de la consommation d’électricité et des effets de sa production : impact carbone, extraction des ressources minières, pollution, déchets y compris ceux radioactifs avec une production française principalement nucléaire, soutien des énergies renouvelables par la fameuse taxe CSPE “Contribution au Service Public de l’Electricité”, recyclage… L’argument “mêle toi de tes oignons, ce n’est pas toi qui paye la facture” ne tient pas un instant : veto !

Un petit bilan comptable sur ma mission ? Une dizaine de tournées nocturnes, environ 2⁄3 des communes de mon département visitées, plus de 450 infractions probables (laissons toujours un part de doute et de bienveillance), plus de 100 h de bénévolat ! Mais, toi, une simple visite de ta rue, de ton quartier, de ta commune rurale, voir de la ville touristique ou économique la plus proche, cela serait déjà une super action écocitoyenne. Tu n’as pas besoin de t’investir autant que moi ; chaque petit pas déclenche une merveilleuse énergie collective d’action écocitoyenne.

Toi aussi, deviens un super-héros de la nuit

Ça commence par moi, par toi ! Il est venu le temps… de devenir une sentinelle de la nature et de participer au recensement de la pollution lumineuse, dans ta rue, dans ta commune, dans ton intercommunalité, et plus encore…déjà là, tu serais un super-héros de la nuit si tu agis uniquement localement, en n’y consacrant qu’un seul, petit moment de ta nuit ! Il va de soi que ta sécurité personnelle est la priorité : je te conseille fortement d’agir en petit groupe d’au moins 3-5 personnes, notamment si tu effectues cette tournée à pied.

Il n’est pas nécessaire de louer un hélicoptère, de passer une formation de pilote de drone, d’acheter un billet pour s’envoyer en l’air à 80 km de la Terre en apesanteur avec un appareil Reflex et une optique de chasseur d’image pour comprendre que la lumière pollue la nuit. De nouveaux fléaux lumineux s’implantent dans nos sociétés, sous prétexte d’une accessibilité 24/24 7/7, c’est le far-west : les kiosques à pizza (pain et compagnie) avec leur écran numérique sans veille (à la luminosité et lumière bleue détonante) avec leur projecteur extérieur très puissant pour attirer le passant et bien sûr leur enseigne flashy ; les panneaux d’information communale numérique ; les stations de lavage de voiture ; les stations essence ; les points lave-linge extérieur (souvent situés sur le parking d’un supermarché), les bornes de recharge de véhicule électriques… Des communes rurales jusqu’à alors épargnées de toute source lumineuse, hors éclairage public des rues, sont envahies par ces prestations : le filon est bon et très rentable, alors au diable la facture d’électricité et l’impact carbone ! Quand un débat de société s’ouvre sur le fait que l’extinction de l’éclairage public serait un facteur aggravant pour la sécurité des personnes, vous seriez surpris d’apprendre que la quasi-totalité des cambriolages se déroulent en journée ou avec un éclairage favorable à leur action. La réflexion et la peur du noir est la même avec les trajets routiers : il n’y a pas plus d’accident sur les routes non éclairées. Et puis, de nombreuses municipalités ont déjà favorablement réagi à une réflexion d’éclairage public, rue par rue et quartier par quartier. Nantes Métropole annonce même avoir engagé une cartographie nocturne aérienne pour établir des points de vigilance sur sa Trame Noire et pouvoir également comparer la situation à l’avenir. Les bonnes initiatives existent, dynamisons les, dès maintenant, sans plus attendre.

Et si… nous nous donnions tous la peine de faire bouger les lignes

L’urgence climatique nous impose un regard de bon sens et d’engagement. Tous, main dans la main, croire à une action collective à tout niveau d’impact. Voici des suggestions émises auprès des associations pour lesquelles je suis bénévole, bien entendu à mon degré, elles restent des “paroles en l’air” :

  • Mairies : l’association des Maires de France AMF devrait rappeler à l’ensemble des communes leur devoir de vigilance, d’information et d’action sur la pollution lumineuse touchant leur commune.
  • Les réseaux (exemple de garage et de marque bien connue) et franchises (exemple : agence immobilière) ont leur rôle à jouer dans la diffusion de l’information, notamment car ces entreprises ont parfois à faire respecter un cahier des charges visuel pour chaque lieu.
  • Travailler avec l’ADEME et les acteurs politiques et associatifs à une nouvelle réglementation, plus restrictive et laissant moins de trous dans la raquette, complétant l’arrêté du 27 décembre 2018, arrêté pris, selon les propos d’un élu, rapidement en six mois dans l’urgence de l’ultimatum de cinq ans du Grenelle de l’environnement.
  • Organiser avec les CCI et les plateformes de création d’entreprise une diffusion systématique de la plaquette de présentation de la pollution lumineuse et des règles à respecter. Par simple sondage, on s’aperçoit qu’un panel de population extrêmement restreint est au courant de cette législation : le formulaire CERFA 11676*11 existe à diffuser aux CFE…alors le CFE (CCI, CMA, greffe du tribunal de commerce, URSSAF…) devraient tous en retour diffuser cette plaquette.
  • Imposer aux producteurs de néons et d’enseignes lumineuses (et de pancartes fixes que certains éclaireront ensuite par un projecteur) de proposer une solution clé-en-main pour extinction de toute nouvelle enseigne posée dans les horaires légaux en vigueur.
  • Identifier et imposer aux acteurs/fournisseurs de solutions de “panneau d’information numérique communale” la gestion intégrée de l’extinction automatique de ces panneaux aux horaires en vigueur.
  • Démarrer un groupe de réflexion pour faire émerger des normes restrictives sur les kiosques (principalement à pizza à ce jour) et autres lieux accessibles 24/24 7/7 : contraintes techniques, écran en veille, luminosité, détecteur de présence…
L'auteur :  Vincent

Stimulé par l'air marin de l'Atlantique et la beauté des zones naturelles de sa région, Vincent apprécie butiner (et diffuser) les idées et les initiatives citoyennes, alternatives à un monde plus sobre et responsable.

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Un flyer pour expliquer aux commerçants l’importance d’éteindre son enseigne lumineuse la nuit.



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