Reprendre notre place dans la nature ou disparaitre en la détruisant
En quelques mots !

Nous avons perdu trop de temps à agir contre le dérèglement climatique

Il est urgent de proposer des objectifs communs pour mobiliser les foules

Nous avons plus à gagner qu’à perdre à changer radicalement nos modes de vie

Un pas en avant, deux en arrière

Le début de l’année 2020 et la mise sous cloche de nos sociétés thermo-industrielles pendant quelques mois n’aura été qu’un court répit pour un système Terre à l’agonie. Alors qu’il y a quelques semaines on voyait des exemples de «la nature qui reprenait ses droits » sur les réseaux sociaux et dans les médias, nous sommes revenus pied au plancher à nos bonnes vieilles habitudes.

Pourtant, nous nous étions émus des canards se promenant à Paris, des coyotes déambulant à San Francisco, des renards s’amusant à Londres. Autant de preuves de la capacité du vivant à faire preuve de résilience dès lors qu’on lui redonne de quoi respirer et qui montrent, en creux, à quel point la place de l’être humain sur la planète y est disproportionnée. Pas plus tard que l’année dernière, ce sont nos jeunes qui scandaient : « nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend », mais cela semble déjà bien loin. En effet, plutôt que de profiter de cette secousse immense pour revoir notre rôle sur Terre, nous sommes sortis de chez nous avec la ferme intention de reprendre notre place de prédateur numéro 1.

L’aveu de faiblesse (et/ou d’égocentrisme) est terrible : c’est notre mode de vie et le peu de considération du respect du vivant qui nous a poussé vers cette crise. La destruction de la biodiversité, la normalisation de l’hyper-mobilité, la hausse constante de la déforestation ou encore la pollution atmosphérique omniprésente sont autant de facteurs qui ont permis la multiplication et la propagation des épidémies. Une course folle qui va à l’encontre des avancées scientifiques des dernières décennies qui font état de la proximité de l’être humain avec d’autres animaux mais aussi de notre profonde interdépendance avec le vivant.

Et si on voit fleurir des initiatives qui tentent de combler ce gouffre, comme le Référendum d’Initiative Populaire pour les Animaux en France qui réunissait au 21 juillet déjà plus de 364 000 soutiens citoyens et 110 parlementaires, le chemin est long avant de rétablir l’équilibre. Notre société se borne à voir la faune et la flore comme un immense vivier dans lequel nous pouvons puiser pour satisfaire notre bonheur et notre confort…alors que c’est justement ce jugement biaisé qui est la cause des maux de notre époque.

Recréer le lien en commençant par son alimentation

Notre alimentation est un parfait exemple de cette déconnexion. Nous avons rationalisé à l’extrême l’exploitation des sols, la reproduction des espèces et le massacre de milliards d’animaux pour nourrir l’humanité. Selon la FAO, l’abattage des animaux pour fournir de la viande représente plus de 1900 animaux par seconde, soit 60 milliards d’animaux tués chaque année. Plus d’un milliard d’entre eux sont tués dans les abattoirs français. Malgré cette débauche de moyens et d’innovation, le compte n’y est pas : 1/3 de la nourriture produite est gaspillée, plus de 1,9 milliards de personnes sont en surpoids et plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim…

Jean-Pierre Goux, créateur de One Home et auteur du thriller écologique Siècle Bleu préfère y voir une opportunité plutôt que de se morfondre. Changer notre manière de nous nourrir est même, selon lui, un levier extraordinaire : « se réintéresser à ce qui se passe dans notre assiette nous permet de nous rendre compte que ce qui est autour de nous n’est pas un vague décor de jeu vidéo ». Cette magie du vivant peut s’expérimenter concrètement en faisant l’effort de manger en conscience, avec des aliments bio, locaux et de saison. C’est une première piste fondamentale pour descendre de notre piédestal et redonner une vraie valeur à ce qui nous entoure tout en se réinscrivant dans le rythme des saisons.

La pointe la plus fine du réel

Une fois cette reconnexion au vivant amorcée, Jean-Pierre Goux propose de travailler notre capacité d’émerveillement pour aller plus loin. Il affirme que c’est en contemplant la nature et sa beauté que nous pourrons toucher au but : « la contemplation ce n’est pas une décoration c’est comme mettre sa main sur la pointe la plus fine du réel » comme le dit Christian Bobin dans son livre le Plâtrier Siffleur. Et c’est un outil puissant qui peut nous remettre en mouvement vers notre juste place sur cette Terre.

Une démarche d’humilité, un décentrement vital pour sortir une bonne fois pour toute de notre dichotomie enfantine qui nous limite aux rôles de consommateur-pilleur ou de grand sauveur sans questionner notre place de domination car comme le dit Jean-Pierre : « la Terre n’a pas besoin qu’on la sauve, elle a seulement besoin qu’on l’aime ».

L'auteur :  Julien Vidal

Julien est le fondateur du mouvement Ça commence par moi. Aujourd'hui, il continue à accélérer la prise de conscience écocitoyenne partout en France.

Julien est le fondateur du mouvement Ça commence par moi. Aujourd'hui, il continue à accélérer la prise de conscience écocitoyenne partout en France.